Salon mauve

Les résonances autour du Pavillon

Le projet présenté par l’artiste Zineb Sedira dans le Pavillon français de la Biennale d’art de Venise se déploie au-delà de la présentation de l’œuvre in situ du 23 avril au 27 novembre 2022. Les résonances autour du projet débutent en amont, pendant la Biennale et se prolongent bien après.

Les résonances font écho au projet artistique du Pavillon et donnent de la visibilité à l’artiste et aux commissaires.

Illustration critique TV
Bobines de film

via « La Collection » de l’Institut français

 

La curatrice et chercheuse Léa Morin a conçu pour « La Collection » de l’Institut français, une programmation de films intitulée « Le cinéma, une arme » déclinée en trois parties : ciné-luttes, ciné-mouvements et ciné-géographies.

Cette programmation est mise à disposition du réseau culturel extérieur de la France et fera l’objet de projections à Berlin et Londres (septembre 2022). D’autres projections sont en cours de confirmation.
Le programme fait écho a l’œuvre de Zineb Sedira engagée dans l’exploration des récits historiques, et dans une interrogation des thèmes de la mémoire collective et de la transmission de ce patrimoine.

En explorant les rapports qu’entretiennent cinéma et réalité, art et politique, ainsi qu’histoire et mémoire, les films du programme viennent poser la question du cinéma et de l’art comme moyen d’action face aux injustices sociales et politiques.

CONÇUS BY LÉA MORIN: 3 PROGRAMMATIONS DE FILMS, VIDÉOS ET DOCUMENTAIRES RÉCENTS ET HISTORIQUES :

Programme 1

Mise en scène de Zineb Sedira, 2017, France
Le Glas de René Vautier, 1969, France
Spell Reel de Filipa Cesar, 2017, Guinée, France, Portugal, Allemagne

Programme 2

Ali au pays des Merveilles de Djouhra Abouda et Alain Bonnamy, France, 1976
Rock Against Police de Nabil Djedouani, France, 2020

Programme 3

Moonscape de Mona Benyamin, 2020, Palestine
Juste un Mouvement de Vincent Meessen, 2021, Belgique, France

« Venise 2022 » BY RAYANE MCIRDI

 

Si « Venise 2022 » est une échéance importante sur la scène culturelle mondiale, c’est aussi le nom d’une aventure artistique et humaine qui se poursuit à Gennevilliers depuis mars 2021. Un projet porté par Chaker, Chayma, Djaafar, Doria, M. Douss, Horya, Imane, Léa, Lionel, Inès, Madjid, Miloud, Rayane, Syrine, Zaineb et la Direction de la culture et de la jeunesse de la Ville.

À sa source, il y a des rencontres, et une volonté commune d’explorer l’histoire qui a réuni ici et maintenant les acteurs et actrices de ce travail de mémoire. D’une part, des Chibanis – mot emprunté à l’arabe maghrébin ( qui a les cheveux blancs) pour désigner les travailleurs arrivés en France dès les années 1950 depuis certains pays de son empire colonial. Aujourd’hui à la retraite, ils vivent encore souvent dans des foyers de travailleurs (au nombre de cinq à Gennevilliers). D’autre part, des jeunes âgés de 14 à 21 ans, né·es ou étudiant à Gennevilliers, pour beaucoup d’ascendance maghrébine, repéré·es au lycée Galilée, dans les structures Jeunesse de la ville, ou lors d’une journée de commémoration du 17 octobre 1961. À leurs côtés, l’artiste Rayane Mcirdi – mentoré par Zineb Sedira –, Madjid Assoul, responsable de service jeunesse, et Horya Makhlouf, chargée de médiation culturelle.

Menant ensemble sur la base du volontariat cette enquête au long cours, les Chibanis et les jeunes se retrouvent, se rencontrent, se questionnent et s’écoutent, sur les traces des récits invisibles et absents des grands discours officiels par lesquels se racontent la guerre d’Algérie et la colonisation française. Au sein du foyer de travailleurs du 115 avenue des Grésillons, de l’espace Mandela dédié aux jeunes de Gennevilliers, de l’école municipale des Beaux-Arts/galerie Édouard-Manet ou encore du cinéma Jean-Vigo, iels ont ainsi collecté des paroles et des souvenirs, compilé des anecdotes et des archives, et visionné des films, comme autant de contre-récits, suggérés par Zineb Sedira (dont Chronique des années de braise de Mohamed Lakhdar-Hamina, Palme d’or à Cannes en 1975 mais depuis tombé dans l’oubli).
De cette matière vivante et des échanges qui l’ont nourrie naîtra un film, réalisé par Rayane Mcirdi et co-écrit avec ses jeunes collaborateur·ices. Il témoignera d’une expérience intergénérationnelle, de découverte de l’Autre et de partage de savoirs et d’histoires, intimes autant que collectives.

 

Par Madjid Assoul, Horya Makhlouf, Rayane Mcirdi

3 homme autour d'une table
Homme assis à une table
Restauration du film

Les Mains libres, sa redécouverte
et sa restauration par Léa Morin, chercheuse associée au projet de Zineb Sedira pour le Pavillon français

 

Le projet présenté à Venise est l’occasion pour Zineb Sedira de créer une expérience immersive qui brouille les frontières entre fiction et réalité. Ses recherches pour le projet du Pavillon ont notamment permis à Zineb Sedira de retrouver en Italie Les Mains libres (ou Tronc de figuier), réalisé par l’Italien Ennio Lorenzini en 1965. Cet autoportrait d’un jeune Etat qui vient de gagner sa liberté est le premier long métrage algérien post-indépendance. Projeté au Festival de Cannes, en Italie et en Algérie, il a ensuite disparu des écrans et des mémoires. La restauration de ce film se fait en partenariat avec la Cineteca di Bologna qui a joué un rôle majeur dans le travail de recherche auprès de Zineb Sedira depuis le début du projet.

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